Le bruit des spherés

« La musique des sphères » fait référence à l’idée que certaines combinaisons sonores consonantes dérivent des mêmes propositions que celles avec lesquelles l’univers est construit et qu’en sens inverse, le mouvement des étoiles répond à ces consonances musicales. Cette musique parfaite évoquée dans le mythe pythagoricien n’est pas perceptible à l’oreille humaine, elle n’a que la beauté d’un concept harmonieux et mathématique.

La théorie de l’harmonie des sphères, qui remonte au philosophe grec Pythagore, affirme que le monde entier est composé d’harmonie et de nombres. L’âme microscopique et l’univers macroscopique s’articulent dans des proportions idéales qui peuvent s’exprimer par une séquence de sons. Le mouvement des étoiles dans le ciel obéit aux mêmes proportions harmoniques que la musique.

Cette approche métaphysique est à l’origine liée à une vision du cosmos dans laquelle les étoiles sont contenues dans des sphères concentriques qui tournent, produisant des sons de consonnes qui s’ajustent à certaines proportions harmoniques.
Les Grecs concevaient le créateur de l’univers en termes de vérité absolue et non comme un dogme hérité ou une sagesse reçue. Ils en ont déduit que la forme et le nombre étaient essentiels pour l’univers et pour atteindre la réalité physique, la création, à partir de formes abstraites non perçues par les sens. Les subtilités des nombres et les absolus de la géométrie faisaient partie du monde empirique, de la structure cachée derrière la matière physique.

Nous savons aujourd’hui que tout ce que font les êtres humains fait partie d’un réseau auquel ils appartiennent avec leur époque et leur culture. La création de ce réseau, -paradigme-langue-culture-, c’est l’ordre bâti, l’art, la science, la religion. Essayer de configurer une idéologie du temps et de l’espace, c’est vouloir assumer la condition « divine » de l’homme, pour qu’il puisse se considérer comme un véritable créateur. Considérez-vous comme faisant partie d’un univers conçu selon un projet auquel est attribué un sens transcendant, peut-être pour accepter le caractère aléatoire du chaos.

Cette force créatrice est encore un mystère inexprimable que nous portons en nous et que l’artiste tente de se rapprocher de sa source pour la révéler, la manifester. C’est peut-être aussi une forme de matière non perceptible aux sens qui, avec elle, prend un corps et devient une forme, en réalité.

L’œuvre d’art reflète cette force, elle est aussi la genèse qui participe à ce mouvement, ce principe, cette vision. Le son ou « parole originale » met en vibration la matière dont toutes choses sont faites.

 » Au commencement était la Parole. »